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Cuisine de la mer
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25 janvier 2008

Coquillages farcis

On me demande parfois où je trouve le temps d'écrire de si longs billets sur CdM, en fait je ne les crois pas si longs, j'aime écrire, parler de produits et de recettes, tout autant conter des histoires de vagues vagabondes...

Il se trouve que le temps me manque hélas aujourd'hui pour vous parler de nombreux sujets d'actualité qui sont dans la continuité d'évènements dont je me suis fait l'écho dans de précédents billets.

D'abord, le procès de l'Erika, avec le jugement tant attendu du Tribunal Correctionnel de Paris, prononcé le 16 janvier. Je vous disais que deux choses étaient importantes, d'une part que la responsabilité des différents responsables (armateur, affréteur, organismes de contrôle etc...) soit mise en cause. C'est le cas, je n'ai hélas pas le temps de développer, mais pour faire court, on va désormais espérer que chacun à son niveau, sous la pression des juges (et des assureurs!) se sentira désormais moins dé-responsabilisé, et y regardera de plus près avant de laisser un pétrolier en sale état mettre en danger le milieu marin et les populations côtières D'autre part, le préjudice écologique a été affirmé en principe et indemnisé, et ce n'est pas top tôt...

Pour autant, ne nous berçons pas d'illusion, ce n'est qu'un jugement de première instance, espérons aussi qu'il soit confirmé en appel et en cassation, car visiblement, Total ne veut pas lâcher le morceau... Une fois ces prochaines étapes acquises, ce serait bien que le législateur européen le généralise dans ses textes. Enfin, ce que j'en dis...

Ensuite, l'affaire du Sokalique, mon premier billet qui en parlait est ici, le combat de la veuve du patron du chalutier Sokalique qui se bat pour obtenir un procès en France,  ce qui serait contraire au principe du droit du pavillon, mais quelle complaisance mérite le droit des état qui font ainsi commerce de leur drapeau?

Dans ce genre d'affaire, il est normal que parallèlement au processus judiciaire, des tentatives de transaction "amiable" se déroulent, mais là, les armateurs turcs du cargo qui a éperonné et coulé le Sokalique, ont fait très fort... Figurez vous qu'ils se sont pointés à Plouescat, chez Yvette Jobard (la veuve du marin donc, pour ceux qui n'ont pas suivi du début), un paquet de gâteaux à la main. L'intention était peut-être bonne, mais quelle maladresse, et comme c'est mal connaître les bretons, ceux qui ont lu "Le Cheval d'orgueil" comprennent ce que je veux dire.

Leur idée était de proposer un paquet de 500.000 dollars, non seulement pour les victimes, mais également pour les différentes parties demandeuses, les assureurs du bateau y compris. Avec comme arguments que c'était une cause perdue, qu'il n'y aurait pas de procès en France, et que même si cela était, ils n'auraient de toutes façon pas les moyens de payer plus. Chantage au dépôt de bilan, pour parler clairement.

Peu importe la somme, peu importe ce qu'il en sera du judiciaire (et les chances d'un procès français sont loin d'être minces, notre Nicolas national a bien besoin de se concilier les gens de mer ces temps-ci!),  je veux seulement dire que pour avoir entendu Madame Jobard commenter à la radio cette visite des armateurs, que j'ai été ému et fier, d'entendre comme le paquet de gâteau et ce qui allait avec, lui sont restés en travers de la gorge.

Pour finir, un naufrage au large de l'île Vierge, vous la connaissez cette île, c'est celle surmontée de ce phare en bannière de CdM. Fortune de mer, on ne connaît pas encore les causes du naufrage, mais on a le décompte, sept marins, un survivant. Pas d'affaire, juste dans la presse quelques jours d'émotion légitime, la "Petite Julie" a entraîné le 7 janvier son équipage par le fond. Pour moi, c'est juste l'occasion de vous dire une fois de plus mon profond respect pour ceux qui vont travailler en mer, nécessité, choix, de plus en plus rarement vocation.

Plus léger mais important quand même, j'ai prévu en prologue de vous parler des plages de sable.

Qu'il est bon de s'y promener quasi en solitaire, par ces mois d'hiver, de retrouver une nature sincère, ramasser des coquilles échouées, regarder au loin la brume qui monte sous un soleil presque horizontal et aveuglant, rêver de bois flottés et d'algues sèches, faire semblant de ne pas voir les ordures que le jusant dépose, mazout, flacons et sacs de plastique,bidons de métal qu'on espère vides, canettes de verre, toute cette décharge inhumaine mais venant de l'homme, à mer ouverte qu'elle fini bien par nous rendre... tout en crevant de trop c'est trop.

Vous n'en voyez pas beaucoup, vous qui venez l'été poser votre serviette en Bretagne, cherchant un coin de sable abrité du vent, râlant que l'eau est froide, qu'il y pleut sans saison ou que la brume vous angoisse.

Sachez que pour que votre coin d'estivage soit bien propre comme il faut, un beau béton blanc pour tout dire, et bien, c'est une grande destruction de la nature qui est opérée. Avant votre arrivée, tout est passé au bulldozer et à la herse, pour remettre la plage en forme, éliminer du sable tout élément "déplaisant". Si bien que le cycle de vie de l'estran, dépôts végétaux, habitations animales, bref tout ce qui structure l'écologie de la grève de sable, est détruit.

Vous ne m'y verrez jamais sur les plages de l'été, pas loin parfois, le cul sur un gros rocher qui regarde goguenard les hordes aseptisées et fait la nique aux machines. J'aime pourtant la poésie des plages, je l'invite parfois à ma table.

Coquillages farcis

Je suis très content de mes assiettes en ardoise, même si quelques potes en Bretagne m'ont dit que j'en faisais trop, à démonter ma toiture pour leur servir à manger. N'empêche que nous nous sommes bien amusés à retrouver un regard commun sur le bord de mer, en jouant ainsi à la plage, vaguement nostalgiques de nos châteaux de sable, de la vraie patauge de notre enfance qui s'efface à chaque marée.

playa

Pour le décor, gros sel en guise de sable, quelques galets, quelques coquillages, une lanière d'algue séchée, comme un gosse je vous dis ! Vous ne voyez pas tout très bien, soirée chaude, photos imprévisibles, en agrandissant vous verrez mieux!

Alors pour le contenu comestible et fortement iodé :

Carpaccio de saint jacques à la truffe. Très simple, vous escalopez finement les noix, vous les mélangez d'un peu d'huile de noisette, vous les dressez sur la partie plate de la coquille. Une très fine râpée de truffe fraîche, du poivre blanc, et au dernier moment, quelques grains de fleur de sel.

Palourdes farcies à la dulse . La dulse est une algue rouge, la plus fine en saveur à mon avis. Utilisez l'algue fraîche si possible, ou saumurée et bien dessalée. Vous la hachez, la mêlez à du beurre et un peu d'échalote finement hachée. Vous farcissez les palourdes (crues, n'allez pas me les ouvrir au feu, ces pauvres bêtes), et vous les passez au four, jusqu'à ce que le beurre commence à frémir.

Huîtres à la braise. Je vous indique seulement que j'ai utilisé de petites huîtres un peu grasses, des boudeuses. La recette est ici. (Un de mes premiers billets, à l'époque c'était très bref, je n'osais pas encore!)

Praires gratinées au parmesan. Une recette quasi iconoclaste pour un amateur de coquillages, déjà la simple idée de cuire des praires est incongrue. J'aime assez en petite quantité , je vous l'ai déjà raconté dans ce billet.

Ormeaux au yuzu. Sincèrement, c'est jusqu'à présent la meilleure utilisation que j'ai imaginée de ces mini-ormeaux et du yuzu. Simple  ausssi, vous décoquillez et parez les ormeaux, vous les tapez un peu avec un maillet pour les attendrir un peu. Vous les poêlez rapidement au beurre avec sel et poivre. Vous terminez avec une cuiller de sauce Ponzu. Vous les replacez dans les coquilles et vous ajoutez quelques gouttes de jus de yuzu, que du bonheur!

playa1

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Commentaires
N
Ton billet est super!!! comme les autres d'ailleurs
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C
Continues à démonter ta toiture et démonter ces monstres de fer en attendant que la nature s'en charge définitvement... Reviens vite... Bises +++ d'une normande en mal de Bretagne!!! (bon enfin, qui reste normande quand même!)
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D
En plus, tout le monde va me tomber dessus, si tu reviens pas immédiatement. Genre "ouais, t'as vu, avec tes commentaires coups de sang... tu nous l'a découragé..."... Patrick ! pour ça et parce que ça manque de te lire : reviens ! Vite.
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D
En plus, tout le monde va me tomber dessus, si tu reviens pas immédiatement. Genre "ouais, t'as vu, avec tes commentaires coups de sang... tu nous l'a découragé..."... Patrick ! pour ça et parce que ça manque de te lire : reviens ! Vite.
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M
Dimanche 10 février, 12h00:<br /> Je guette le Papatte au dos argenté. Voici plus de 2 semaines qu'il n'a pas nourri nos estomacs et nos esprits... Je crois que certain(e)s commencent à délirer et à voir des éléphants de la taille de souris et des mouches de la taille d'éléphant. Hypoglycémie quand tu nous tiens...<br /> Certes, nous nous sommes constitués prisonniers volontaires mais c'était en échange du couvert et d'un peu de lecture. J'ai vu des bloggeurs désespérés retourner au McDo. J'essaie de ne pas me laisser tenter mais je ne suis pas sûre de tenir assez longtemps. Vite SuperPapatte, viens à notre secours!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!<br /> ------communication interrompue-------
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