Tomate-crevettes
Bon cette fois le "Concours de recettes simples de la mer parfois compliquée" a pris fin, de façon officielle, mais si un ou deux retardataires voulait se manifester, ce n'est pas un couperet! Il va falloir passer maintenant au récapitulatif que je publierai ici dès que possible, et ce ne va pas être de la petite cotriade, les contributions ont été très nombreuses, plus d'une cinquantaine je crois. Un concours de pêche qui a presque tourné à la sur-pêche, mais c'est bien sympa, merci à tous, y compris à ceux qui voulaient participer et n'en ont pas eu le temps. Tout cela est bien réconfortant et tendrait à me faire oublier certains aspects de la blogosphère que je n'aime pas beaucoup.
Récapituler toutes ces merveilles toutes alléchantes risque de me prendre un peu de temps, je vais tacher de bien faire les choses, ensuite il va falloir choisir, je me régale par avance de nos échanges, avec mon jury d'élite, où Anaïk et Esterelle, (lesquelles savent s'amuser de tout, mais ne jouent ni avec la nourriture ni avec la nature), me font l'amitié de m'épauler. Au passage, je me dois de vous faire part de l'actualité éditoriale d'Esterelle dont l'ouvrage sur lequel elle travaille depuis quelques mois vient de sortir en librairie, je ne l'ai pas encore lu, mais je m'en pourlèche d'avance. Je vous en parlerai plus en détail, même si je sais déjà qu'il n'y a pas de recette de poisson dedans... Voici l'objet, non pas du délit, mais carrément du crime :
A propos de jouer avec la nourriture, on m'a demandé quelques explications à propos de mon dernier billet, qui date déjà du 1er avril. Non, ce n'est pas le petit pingouin ou mergule nain que nous avons mangé, pas plus que sous vide, il n'y avait des saucisses de phoques et du lard de baleine. Non, ce n'étaient que des saucisses fumées créoles et du lard de cochon boucané, attendant fébrilement de finir en rougail. Quant à l'oiseau, ce n'était qu'une innocente caille, marinée au yahourt, moutarde violette de Brives et épices tandoori, passée au gril et mise sous vide à la maison. On l'a mangée, ou plutôt ma fille l'a dévorée, j'aurais dû en faire au moins trois...même réchauffée c'était un régal.
N'empêche que je ne suis pas passé loin de la vérité, puisque dans les commentaires, ma copine Marie-Paule m'a informé qu'elle avait mangé du filet de macareux en Islande. Elle n'a pas précisé si la bête était fumée ou cuite sous les cendres... comme quoi même lorsque je raconte des conneries, je reste au top de l'actualité.
Joao, qui a le privilège de vivre sur ce superbe archipel que je visiterai dès que possible, dans ces mêmes commentaires, signale également que les pêcheurs dedont elles se font tout un programme joyeuxs Açores faisaient volontiers bombance de carragos, qui ne sont autres que des puffins ... cendrés. L'actualité est têtue, mais je gage que ces oiseaux, contrairement à ceux à réaction, ne restent pas cloués au sol pendant que le vent disperse les silicates d'un volcan. Je ne devrais pas plaisanter avec ça, rien que chez moi, ma femme et ma fille risquent de ne pas s'envoler jeudi pour une virée à New-York entre filles, dont elles concoctent le joyeux programme depuis des semaines...
Ostende en emporte le vent
La recette que je vous propose ci-dessous est un classique, un monument, une rareté même puisqu'il s'agit d'une recette de tomate largement pratiquée sur les rivages du nord de la Manche et de la Mer du Nord. Une préparation que je connais depuis longtemps, que j'avais regardée sans passion jusqu'à il y a quelque temps déjà, lorsque j'ai lu un billet consacré à Ostende sur le superbe blog de Sophie Brissaud "chez ptipois". Ce billet m'a donné l'impérative envie d'aller voir cette ville, et a redonné du lustre à cette tomate-crevettes à laquelle Sophie verrait bien qu'on qu'on lui consacre un musée.
J'irai aussi visiter les ports voisins, à Zeebrugge au nom frissonnant de Venise froide, et à Knookke-le-Zoute, me dévergonder et me désespérer un brin avec l'immense Brel, tango, tango tant qu'il y aura des hommes...
Tomate-crevettes
J'ai pris le parti (sans laisser d'adresse) de nommer cette recette comme elle est dite, sans préciser que les crevettes là-haut sont grises et qu'on y met de la mayonnaise. Ce sont donc des tomates farcies aux crevettes grises et à la mayonnaise. Je n'ai pas voulu y ajouter la nuance d'épice ou l'ingrédient de l'espace.
C'est un concept en soi. Cela dit, je sais bien que dès qu'on touche à une recette appartenant à un patrimoine régional (la vraie cuisine donc), il y a toujours un thuriféraire fumeux ou un vieux fils inconsolable pour venir nous remettre dans son droit chemin, même lorsqu'on présente une recette à peu près stabilisée depuis des années, comme celle qui suit. Et tant pis si je choque, j'ai utilisé des tomates siciliennes à la saveur parfaite actuellement.
Ingrédients
- tomates rondes de taille moyenne
- 100 grammes de crevettes grises cuites par tomate
- mayonnaise
- jus de citron
- persil plat
- poivre blanc
Recette
Commencez par couper un couvercle au sommet des tomates, côté queue. Enlevez les graines (conservez les si vous souhaitez réaliser cette recette). Réservez.
Vous pouvez faire cuire les crevettes vous-même (comme ici, avec ou sans le curry selon vos convictions), si vous avez la chance de pouvoir vous les procurer vivantes. Décortiquez-les (conservez les têtes et les carapaces qui font un excellent fumet, relevé d'un peu d'échalote, de laurier et de vin blanc) et placez les au frais.
Confectionnez la mayonnaise : un jaune d'oeuf, une demi-cuiller à café de moutarde mélangés, laissés reposer trois minutes, avant de les monter avec une huile à la saveur neutre.
Hachez du persil plat assez finement (réservez quelques branches entières pour la décoration), et incorporez le à la mayonnaise, à proportion d'environ une cuiller à café rase pour une tomate. Ajoutez alors du jus de citron jaune, si la mayonnaise blanchi, c'est normal. Je ne peux pas donner vraiment de proportion, c'est là que la dimension du plat est affaire de chaque palais, goûtez (toujours en cuisine d'ailleurs, goûtez pour savoir ce que vous faites, il n'est pas prudent de ne se fier qu'aux recettes). Relevez légèrement de poivre blanc.
Goûtez en particulier pour vérifier le sel. En utilisant des crevettes grises salées, et avec le filet de jus de citron et la pointe de moutarde, ce n'est pas évident qu'il faille en ajouter. Farcissez les tomates de ce mélange, remettez leur couvercle et tenez au frais une heure environ avant de servir. Décorez d'une tige de persil.
Vous je ne sais pas, mais moi si... J'aime les présentations simples pour les assiettes, et plus la recette est simple, et plus j'ai envie de la montrer simplement. Pourtant, j'ai vu des tas de gens, sans doute gênés de servir une chose aussi pudique bien que ronde et rouge, l'entourer de salade, d'oeufs mimosa (ou hortensia en Bretagne), de festons de mayonnaise, de tranches de citrons ou de crevettes roses, comme si celle-ci venait apporter un peu de chic à l'humble grise...
J'en vois aussi qui remplissent au delà du ras-bord les tomates, à la façon des tomates farcies à la viande. Je préfère cette présentation plus en surprise, non dégoulinante, où les quantités de farce et de tomate sont équilibrées, cela reste quand même de la mayonnaise. Nous avons bu de la bière là-dessus, même pas belge en plus...