Brick au thon et à l'oeuf
"Pour cent bricks, t'as plus rien, même pas une pastilla", ainsi parlait mon pote Rafi, avant de tenter de sponsoriser ce billet d'une poignée de dirhams et d'une bouchée croustillante dont le souvenir briouate et brillera encore dans ma mémoire.
Les bricks, avant de m'intéresser à la cuisine, je savais ce que c'était, de fiers et rapides navires pouvant être armés et courir vers des abordages corsaires ou pirates, pas seulement dans les Caraïbes, il s'en trouvait à Brest, au Conquet et à Roscoff, sus à l'anglais et à toute fortune de mer.
Depuis mon enfance, je connaissais la feuille de riz, si pratique pour rouler les nems dont je suis un amateur impénitent, un jour il faudra que je vous en roule ici. J'avais vaguement goûté quelques pâtisseries orientales, en chausson de cette pâte fine, mais sans vraiment me demander comment c'était fait. D'ailleurs, je ne me demande jamais comment sont faits les desserts.
Puis un jour un client tunisien m'amena dans un de ses restaurants récemment ouvert, et demanda à son cuisinier de me préparer un brick au thon, avec des pommes de terre et un œuf. Même si cela baignait dans une mare d'huile un peu écœurante (surtout à l'heure du goûter), j'avais été conquis par ce mélange de croustillant de l'enveloppe, de moelleux de la farce et de coulant des œufs.
Mais croyez-le si vous voulez, mais je n'avais jamais reproduit cette recette, préférant une version plus légère où je mets quelques fragments d'anchois à l'huile, quelques câpres et de la ciboulette, en plus de l'oeuf. Par la suite, les feuilles de brick, j'en ai aussi fait des rouleaux, des samossas, une pastilla d'anthologie et d'autres trucs non publiés ici car sans produits de la mer, mais je n'avais jamais retenté cette recette originale.
Dans ma cuisine de brick et de broc, il entre sans arrêt de nouveaux produits, que je bricole parfois au petit bonheur la chance, ou en piochant sur les blogs, où même si il s'écrit bien des bêtises, on trouve les meilleures informations.
Ce n'est pas pour me vanter, mais je fais du réseau social, d'abord avec ce blog, mais aussi dans des sphères plus professionnelles et même financières. Ces fameux réseaux, tout le monde veut y être, les motivations y sont diverses.
Vous me connaissez, j'y suis allé au début comme dans un mix de bistrot et de cour de récréation, où on connait plus au moins les autres piliers. Quand je recherchais mes potes sur Facebook, je tombais généralement sur leurs enfants, et à ma question de savoir si leurs parents avaient leur page, ils me rappelaient avec compassion que leurs parents n'étaient pas vraiment connectés dans leur caverne, la preuve, ils envoient encore des cartes postales…
Petit à petit ils y sont venus, beaucoup pour rester en contact avec leur progéniture, d'autres un peu par conformisme social, d'autres n'y viennent pas ou en en sont partis, presque étonnés de voir que les gens y sont comme dans la vie, parfois anges, parfois démons, mais en plus un peu exhibitionnistes.
Puis j'ai appris que je pouvais y trouver du boulot, devenir un influenceur (et apprendre de nouveaux mots), rencontrer des copines (moins collantes que celles de aufeminin.com et meilleures cuisinières que celles de adopteunmec.com), amuser la galerie (ce qui est mon sport préféré après le décorticage de homard) bref je me suis mis à jouer le jeu plus par curiosité que par intérêt immédiat.
Maintenant, outre mes activités professionnelles, outre mon compte Facebook, j'ai créé sur le même réseau la page de Cuisine de la Mer, je me balade un peu sur Twitter, Linkedin et autres, aussi facilement que je navigue entre les cailloux des abers, mais sans excès…
Les blogs sont en effet un bon vecteur de marketing de prescription, comme les réseaux sociaux dans leur ensemble. Certains d'ailleurs ne font plus que ça, et du coup, je trouve que leur crédibilité finit par se trouver ébranlée auprès de la communauté des lecteurs. Si tous les blogueurs étaient professionnels (et il faut du talent pour le devenir), les blogs ne seraient plus un réseau social.
Les marques de grande consommation se sont en effet engouffrées sur les réseaux sociaux, la plupart d'entre elles sans réelle stratégie, juste parce qu'il faut y être, d'autres savent mieux se fondre dans les communautés, créer de l'image et de la synergie, ça ne s'invente pas…
Vous connaissez ce blog, il n'a jamais vu la couleur d'un billet sponsorisé, payé en bon d'achat ou en produit, mais si je tombe sur un produit de qualité, un livre que j'aime ou une table qui me plait, je les cite sans hésitation. Parfois on se retrouve sponsorisé par surprise, et pourquoi pas quand elle est agréable, le genre lorsque je passe en caisse "Je vous connais, je vous offre une partie de vos achats", cela m'est arrivé récemment, et pas n'importe où, je vous le raconterai dès que j'aurai fait les recettes prévues. N'empêche que j'étais vachement fier…
En revanche, j'aime l'événementiel, parce que c'est une occasion d'échanges, de rencontres et de découvertes. Bon, pas n'importe quel évènement non plus, j'aime bien me retrouver dans l'Ecole de Cuisine d'Alain Ducasse, ou comme ce sera le cas ce samedi 18 juin, cuisiner à Lyon avec Mathieu Viannay, Meilleur Ouvrier de France (j'adore les MOF, ce sont de vrais passionnés), l'homme qui a eu deux étoiles d'un coup après avoir repris la Mère Brazier à Lyon.
Cela se passe dans le cadre d'une manifestation dont j'aime bien l'esprit, qui comme le préconisait Alphonse Allais, met la campagne à la ville (et réciproquement). Vous vous souvenez peut-être que l'an dernier à peu près à la même époque Nature Capitale avait transformé une partie des Champs-Elysées en champs cultivés, pour une fois que la culture atteint cet endroit, je n'allais pas me plaindre…
Cette année, ils réitèrent à Lyon, sur l'imposante Place Bellecourt, avec une thématique plus basée sur les arbres. Normal, il y a moins de place, il faut gagner en verticalité… Dans le cadre de cet évènement, il y aura "La Grande Tablée", menée par Mathieu Viannay, avec quelques amateurs dans mon genre.
Le sponsor de l'évènement est le groupe Heineken Entreprise, et je dois avouer que l'une des raisons qui m'a poussé à accepter cette gentille invitation de Buzz Paradise, est qu'à côté des trois fleuves qui baignent Lyon (le Rhône, la Saône et le Beaujolais), il va s'en créer un autre autour le cuisine à la bière, domaine où je suis plutôt novice (en cuisine, pas en dégustation!)…
Donc si le cœur vous en dit, passez nous voir, nous y serons de 10H30 à 15h.
En attendant, j'en reviens à mon casse-bricks...
Brick au thon et à l'oeuf
Ingrédients
- 10 feuilles de brick
- 400 g de thon à l'huile (conserve ou maison)
- 8 oeufs
- 3 pommes de terre
- 1 cas de câpres
- 1/2 bouquet de coriandre fraîche
- raz-el-hanout
- harissa
Prenez des ingrédients de première qualité... Ici un magnifique thon, de Tunisie, acheté dans une épicerie du Boulevard de Belleville, qui vend également des feuilles de brick artisanales, il était de mon intention de les utiliser, mais elles ont trop séché le temps que je me décide à réaliser cette recette.
Recette
Commencez par cuire trois pommes de terre. Ecrasez-les avec une fourchette, sans les réduire en purée, il faut qu'il reste des morceaux. Incorporez le thon égoutté, les capres, la coriandre hachée, et à votre goût, du raz-el-hanout et de la harissa.
Coupez deux feuilles de brick en quatre, cela vous fera huit renforts pour poser la farce et l'oeuf , et la transporter jusqu'au bain de friture. Procédez comme sur la photo ci-dessous, une fois la farce disposée en triangle sur le renfort, faites y une cavité où vous déposez l'oeuf, surtout le jaune, que le blanc s'étale un peu n'a pas d'importance.
Repliez la feuille de brick sur elle même et transportez la dans une poêle où vous aurez fait chauffer une hauteur de deux cm d'huile. Faites frire sans retourner, mais en arrosant sans cesse avec une cuiller la partie supérieure, prenez une cuiller à long manche pour éviter de vous brûler, il peut il y avoir des éclaboussures.
La cuisson doit laisser le jaune de l'oeuf encore bien coulant, c'est la clé de la réussite, vous n'y parviendrez pas en retournant la feuille. Vous avez ainsi une succession de textures, très croustillante là où est la farce, et carrément fondante au niveau du jaune d'oeuf.
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