750 grammes
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Cuisine de la mer
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28 mai 2012

Coques à la sarriette et à la menthe

 J'ai dans la vie plusieurs occupations favorites, comme être à table avec des potes, me promener en bord de mer, et maintes choses qui nous entraineraient vers certains endroits que la mer ne découvre plus à marée basse, sans doute par pudeur ou retenue d'eau.

sirene

Vol au dessus d'un nid de coquecigrues

L'activité que je préfère entre toutes consiste à regarder voler les coquecigrues, ce qui bien entendu flatte mes pulsions rabelaisiennes, mais surtout constitue la manifestation la plus aboutie de la liberté individuelle. Fadaises et billevesées à tous les étages, y compris à la cave, si je veux. Le grenier par contre, est déjà bien assez encombré comme ça.

La coquecigrue est un oiseau imaginaire, quelque chose entre la cigogne et la grue, selon ceux qui prétendent savoir. Les regarder voler consiste à bailler aux corneilles tout en se berçant d'illusions : une forme de vocation, un truc d’anachorète bien loin des conformismes cénobites.

La coquecigrue a ceci de complaisant qu’elle se prête à toutes nos envies, à toutes nos images et à tous nos rêves, y compris aux contemplations bavardes, comme ici.

roses

Les mots, depuis toujours mes meilleurs compagnons de voyage, viennent se greffer à l’illusoire (brise-lame), soit pour une vaguelette poétique, soit pour un flot de nomenclature ou pour un siphon de calembours, l’éclectisme n’est pas une maladie religieuse mais une curiosité qui se propage. Amen, et amène-toi, on va rigoler copieusement et bien manger.

Avec les coques j’ai de quoi vaquer, coquille de noix ou coque noire d’un cotre, mystérieuse litanie des navires dont elle constitue le seul élément incontournable, support de tout fardage, je ne parle ici ni de grimage ni de maquillage, ni même de carénage.

Prenez le vent du nord, le plat-bord, le franc-bord, et le ras-bord, la quille à la vanille, la ligne (de coque) de flottaison, le tirant d’eau saur, les tontures de moine et le creux de la vague, les couples légitimes et le fond de cale mystérieux (comme beaucoup de fonds de cale le sont), la poupe gonflable et la figure de proue de nos prouesses, l’étrave sucrière, la carène et l’épontille chéries, et pourquoi pas un anthro-naufrage ?

Concernant (à charge de revanche) les jeux de mot coquillomanes, j’ai déjà copieusement arrosé dans ce billet qui m’a valu trois années  d’incarcération dans les caves du Vatican (porte le vent), pour atteinte au bon sens le plus élémentaire et incitation délibérée aux vents contraires. Avec préméditation. 

Tortue

Pourtant à cette époque j’édulcorais (de campagne), je pensais être lu par des âmes sensibles, dont ma fille, qui avait alors onze ans, et qui m’avait semoncé : "Papa, j’aime bien les blogs, mais le tiens, il est vraiment trop dingue-dingue". Oui ma fille (et ceux nombreux qui pensent pareil ou pire), certains se contentent d’attraper la dengue en batifolant avec des moustiques sournois, moi je ne me contente pas de demi-mesure, c’est toute suite dingue-dingue ; et lorsque je suis un peu en forme, j’ajoute « dongue », ce qui en laisse plus d’un  sur le carreau, sonné.

J’édulcorais (de Camaret) disais-je, n’osant alors pas parler du gars déclarant à sa femme alors qu’il revient de la pêche aux moules, qu’il est moulu. Ce qui est de l’humour copié/collé, vous en conviendrez. Ce à quoi Madame répondit "Heureusement que tu n’es pas allé à la pêche aux coques". Ce qui constitue un fait d’armes digne de Feydeau mais un trait d’esprit indigne d’un jet d’eau.

Bref vous disais-je, dans coquecigrue, il y a coque, n’en déplaise à ceux qui préfèrent l’orthographe coxigrue, probablement des coprologues, et j’en reviens à mon sujet du début.

 jelly

Mon sujet du début

Outre les incontournables bords de mer et les banquettes de bistrot, il existe d’autres endroits propices pour guetter l’improbable, ce sont les marchés, les jardins et les sentiers de récoltes sauvages, où il ne faut jamais s’aventurer avec des idées préconçues (sauf évidemment si on est la Vierge Marie, ce qui n’est pas donné à tout le monde).

Parmi les lectures pénibles que je dois régulièrement affronter, tout de suite après celle du PV accolé à mon pare-brise, viennent celles d’une liste de commissions ou des ingrédients d’une recette.

Je me souviens encore de celui qui a failli me faire abandonner la cuisine, j’ai nommé Michel Guérard. Notez tout de suite que je respecte et apprécie le travail et la démarche de ce chef. Sauf que dans un élan de folie dépensière à une époque où j’étais encore écolier, j’avais acheté son livre "La Grande Cuisine Minceur", paru en 1976. Enfin, je crois que c’est celui-là, car ça fait bien longtemps qu’il est relégué au fond d’une grotte sous-marine avec tous mes anti-trésors, où il fait bien marrer les murènes de garde.

Je n’avais pas de problème de poids, mais la démarche de simplifier et d’alléger la cuisine me plaisait bien, et me plait toujours d’ailleurs, une façon d’utiliser l’eau autrement que pour naviguer, les recettes me convenaient également. J'aimais bien aussi le mouvement de la Nouvelle Cuisine, jusqu'à ce qu'elle devienne n'importe quoi, cette assiette énorme et hors de prix, avec quarante grammes de nouriture (dont vingt de kiwi et dix de baies roses) paumés au milieu, et encore pas toujours bien au milieu

Mais voilà, passe encore que la liste des ingrédients soit pesée en quantité que personne n’ose réclamer à un commerçant (je voudrais 81,3 grammes d'écorce d'orange siouplait), mais le bouchon était poussé et enfoncé très loin dans cet ouvrage, jusqu’à préciser la forme et la dimension en centimètres des casseroles et autres ustensiles à utiliser…

Fugu

Ne vous étonnez donc pas si je ne précise que rarement ici les quantités et les temps de cuisson, pour moi la cuisine c’est d’abord un état d’esprit, puis ensuite une discipline, et non l’inverse, n’en déplaise au petit chauve avec des baguettes. Il n’y a pas de créativité (aboutie ou non, peu importe) sans un minimum de liberté, recopier n’a jamais détendu personne.

Notez que je donne ici un point de vue de cuisinier amateur, et que je comprends parfaitement que dans une brigade de restaurant où il faut servir les mêmes assiettes tous les soirs à de nombreuses personnes, il doive en aller autrement. 

J’ai un peu le même sentiment lorsqu’on tente de m’envoyer faire des courses avec une liste précise, passe encore qu’on me signale qu’il manque de lait, de papier-toilette ou de mayonnaise en pot, ce ne sont pas des choses dont je peux m’apercevoir tout seul, n’en ayant jamais l’usage. Bon d’accord, j’exagère, mais à peine

Donc, partir au marché sans idée préconçue, avec seulement quelques envies qui trottent dans la tête et l’estomac, prendre le temps de tourner tel le busard en chasse, repérer le produit qu’on va cuisiner, puis continuer la ronde jusqu’à repérer tous les ingrédients nécessaires, téléphoner à la maison pour vérifier s’il reste bien assez de ceci ou cela, etc... Discuter le coup avec les commerçants ou les autres chalands, changer d’avis et constater qu’on a encore acheté pour un régiment.

Garf

C’est un peu comme ça qu’est née la recette ci-dessous, envie d’un produit de la mer, après avoir erré comme une âme égarée de poissonniers en poissonniers, il y en a au moins sept sur mon marché parisien, où je ne voyais que des prix astronomiques pour des produits ne valant pas un coup de cidre doux. Je me suis dit que si j’étais en Bretagne, je n’aurais qu’à me pencher sur l’estran à marée basse, puis de rentrer choisir dans le jardin quelques herbes qui vont bien, qui peuvent surprendre même, si possible. Bref, j'ai pris des coques de la plage et des herbes de mon jardin

* Source des illustrations : http://www.freakingnews.com/

Coques à la sarriette et à la menthe

Ingrédients

- 600 grammes de coques
- menthe verte fraîche
- sariette (fraîche ou séchée
- beurre
- crème fraîche 
- vin blanc (ou jus de citron jaune
- poivre blanc 

Il est encore facile de trouver des coques lors des grandes marées, mais s'il vous plait, faites-en une activité de loisir et non de rendement, n'allez pas râtisser frénétiquement de grandes étendues de sable, c'est une pratique vraiment destructrice du milieu. Pour les coques, c'est à l'oeil et au doigt, vous repérez le trou laissé par le siphon, et vous délogez l'animal d'un coup d'index fouisseur. Si vous avez le doigt fragile vous pouvez utiliser une cuiller ou un couteau à palourdes. 

couteau-a-palourdes

 Recette

Pêchées ou achetées, commencez par dé-sabler les coques, même si elles l'ont déjà été par le mareyeur, il en reste toujours. Pour cela mettez-les à tremper au moins quinze minutes (pour celles du poissonnier) ou au moins une heure (si c'est votre pêche), dans de l'eau salée comme la mer (comptez une poignée de gros sel pour trois litres d'eau environ), mais n'utilisez pas d'eau de mer, stagnante elle devient un redoutable bouillon de culture.

(Pour cette même raison, ne baignez pas vos gamins dans les flaques laissées dans les rochers par la mer descendante, le côté piscine naturelle chauffée par le soleil a ses limites hygiéniques, il ne faudrait pas qu'ils en boivent !). 

Rincez et renouvelez l'opération au besoin, il ne doit plus il y avoir de sable au fond du récipient utilisé. 

Mettez un peu de beurre à fondre dans un casserole, et ajoutez-y les coques, une belle branche de menthe verte (dite menthe marocaine) et deux brins de sarriette. Remuez, couvrez, laissez chauffer quelques instants, puis ajoutez un trait de vin blanc sec OU deux cuillers à soupe de jus de citron jaune. Il s'agit d'ajouter une petite touche d'acidité qui va contrebalancer la douceur de ce coquillage et de la crème, tout en ravivant la saveur des herbes. Remuez encore. 

Dès que les coques ont bien commencé à s'ouvrir, ajoutez une cuiller à soupe de crème fraîche épaisse, poivrez, laissez encore chauffer quelques instants toujours à couvert, et servez immédiatement. 

coqmenthe

J'étais un peu inquiet en proposant ce plat à la table familiale, car c'était la première fois que je leur servais des coquillages à la menthe, je craignais presque qu'on me traite d'anglais... A tort, car l'association a été largement plébiscitée, même par celle qui ne raffole pas de la menthe habituellement, et j'en ai refait depuis, avec une préférence pour la version au jus de citron.  

coqmenthe1

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Commentaires
M
dommage que les resto des alentours<br /> <br /> ne fassent pas découvrir se fruits de mer aux clients
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A
Miam j'adore les coques!
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M
merci a toi de prendre un peu de temps pour nous faire redécouvrir des merveilles a ne jamais oublier bisous
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S
ohlala que de bonnes saveurs .....magnifique blog
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T
Si je raffole des coques, je n'ai jamais, au grand jamais réussi en à ramasser une seule et c'est dépitée que je regagne mes pénates avec mon seau vide. C'est désepérant... Je ne dois pas avoir la main pêcheuse pour les coquillages, ou alors je m'y prends vraiment très très mal. Toujours est-il que ce n'est pas de ma main que les côtes seront dépeuplées de ces délicieux coquillages... C'est donc chez le poissonnier que je me ravitaille... Faute de pouvoir m'enorgueillir de ma pêche auprès de ceux qui partagent notre table... Un jour peut-être...
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