Févettes aux coques
Amis matelots, pêcheurs et gourmands de tout poil, plume ou écaille, j'ouvre sur ce blog une ère méditerranéenne qui va se jouer en plusieurs recettes, non que je n'ai renoncé à ma bretonnitude entêtée, mais parce qu'il se trouve que j'ai dangereusement frôlé cette mer stagnante au cours des dernières semaines, et même plusieurs fois (rassurez-vous toutefois, je n'y ai pas mis un orteil, pas plus que dans ces sables qui ne sont jamais lavés par la marée).
Je suis allé à Nice, et j'en suis revenu avec des produits dont je vous ai déjà parlé ici, et un autre qui embaume doucement ma cuisine où il est pendu, un stockfish que je ne préparerai qu'en plein air en Bretagne, car il parait qu'il sent vraiment la mort lorsqu'on le fait tremper. En attendant, je prétends que c'est le chat qui délivre cette odeur sournoise dans l'appartement, ou alors les fromages corses.
Car je suis aussi allé en Corse, pour travailler sur un projet avec mon pote Jean-Luc L'Hourre, qui a quitté l'auberge de Lannilis pour une sinécure épuisante dans le golfe de Valinco. Je vous raconterai tout cela en temps utile.
Aujourd'hui, je vais me soumettre à un exercice que je n'adore pas, mais j'ai été tagué comme la première des bloggeuses de base venue, par "Naomi sur son blog", c'est fou comme les filles ne sont que curiosité et gourmandise, et il faut que je remplisse le fameux questionnaire de Proust.
Donc Proust. Je n'ai jamais accroché à la littérature de ce Valentin Louis Georges Eugène Marcel (que le dernier ferme la porte), déjà lorsqu'on a autant de prénoms, on est forcément schizophrène, ou du moins toujours le dernier à rendre sa fiche à la maîtresse le premier jour de classe. On l'ignore souvent, mais c'est l'une des principales raisons du déclin de la noblesse, car avec leurs noms à tiroirs, les bleus de sang étaient toujours les derniers à se porter candidats ; du coup, ils ont végété.
Notez que la bloggeuse de base tombe facilement dans ce travers de l'identité multiple. Ainsi, des fois qu'on les confonde avec une autre Ginette, elles prennent des pseudonymes à rallonge sur les réseaux dits sociaux, du genre "Lolo de la cuisine à Lolo et de son Petit Biquet d'Amour". Vous m'imaginez affublé d'un "Patou de la cuisine de la mer et d'autres lieux qu'elle découvre à marée basse " ? Moi non plus.
Donc Proust, qui n'est d'ailleurs pas l'auteur de ce questionnaire éponyme, c'est du recopiage à la base. En même temps, c'est ce qu'il a écrit de moins ennuyeux, bourgeois et élitiste. Désolé pour le confort de lecture du tableau ci-dessous, mais je n'ai pas de logiciel de traitement d'image là où je me trouve actuellement.
Ingrédients
1,2 kg de jeunes fèves dans leur cosse
500 g de coques
2 cuillers à soupe d'huile d'olive
1/4 citron confit au sel
1/2 citron jaune
piment d'Espelette
ras-el-hanout
sel et poivre blanc
J'ai bricolé cette recette (qui n'a rien à voir avec ce qui précède) au début du mois de mai, alors que commençait la saison des fèves tandis que se terminait la pleine saison des coques. Pour autant, vous trouverez encore ces deux ingrédients en plein été, le tout étant de choisir des petites fèves non farineuses, les seules mangeables crues.
Quant aux coques, on en pêche toute l'année, mais l'été est la saison de prédilection des palourdes, vous pouvez très bien réaliser ce plat avec ces dernières, en les choisissant petites, ou encore avec de grosses tellines.
Recette
Ecossez les fèves. Trempez-les quelques secondes dans de l'eau bouillante et rafraîchissez-lez aussitôt à l'eau glacée. Cette opération a pour but de facilité l'épluchage de chaque fève, elle permet d'enlever aisément la pellicule blanche, sans que la fève ne soit cuite. Procédez à cet épluchage, en séparant les cotylédons des plus grosses fèves.
Lavez soigneusement les coques, et faites-les ouvrir à grand feu et à couvert dans une casserole, en remuant fréquemment. Elles sont prêtes dès qu'elles sont entrebaillées, ne les laissez pas cuire sous peine de les voir se racornir et durcir. Si certaines sont encore fermées après cette opération, ouvrez-les au couteau.
Mélanger les fèves et les coques, assaisonnez avec deux cuillers à soupe d'huile d'olive, un trait de jus de citron, trois belles pincées d'écorce de citron confit finement hachée, ainsi que trois pincées de piment d'Espelette et quatre pincées de ras-el-hanout, salez et poivrez.
Servir bien frais, décoré d'un brin d'aneth.
Vous pouvez aussi prendre le parti de servir tiède, et de déposer par dessus le jus rendu lors de l'ouverture des coques, filtré et émulsionné avec le quart d'huile d'olive.
*****
Rejoignez CdM sur Facebook (clic & like)
*****