Salades de petits pois aux coques
L’expression « voler dans les plumes » ne vient pas de la boxe anglaise, où on rencontre des poids-plumes et des poids-coqs, mais de la tradition contestable des combats de coqs, très vivace (et masculine) jusqu’à la Première Guerre Mondiale, période où ce divertissement cessa presque totalement, soit faute de poilus, soit parce qu’on avait bouffé les coqs.
Les animaux de l’estran sont bien plus pacifiques, je l’ai déjà écrit dans un livre, il est rare d'assister à des combats de coques, je ne fais pas référence aux coques de navires, car la bataille navale se joue encore, mais au coquillage bivalve que les grandes marées de printemps peuvent vous autoriser à pêcher, ce n'est pas la saison idéale, mais on en trouve toute l'année. Pêchez gentiment, repérez les trous et utilisez une cuiller, plutôt qu'un râteau qui va ravager le biotope.
La coque m’inspire toujours des associations printanières, comme ici avec des asperges et des morilles, ou avec des févettes, ou simplement de la menthe et de la sarriette. Cette fois ce sont des petits pois nouveaux qui se sont invités à ma table, ce qui faits que voici des pois-coques.
Dans "petits poissons rouges", il y a "petits pois", mais les petits pois sont verts, de même que le parapluie du Pape est ouvert quand il pleut ; nous nous racontions déjà ces calembours de publicitaires incultes à la communale de Lannilis, sachant bien que nous vivions dans un patelin d'érudits, puisque même l'âne y lit.
Comme nombre de marins (ce que je ne suis pas de profession, mais je suis sympathisant), je rêve de cultiver mon potager, voire d'élever aussi des moutons comme mon grand-père, lui-même officier-marinier de La Royale, en souvenir des moments passés dans ses carrés aussi bien alignés qu'une revue de détail. J'y passais des heures à picorer des trucs, surtout au printemps, les fraises, les framboises, les groseilles à maquereau, les fèvettes, les bébé-artichauts (avec des remontrances affectueuses quant à ma propension à manger le blé en herbe), et bien sur les petits pois, très petits encore, avant qu'ils ne prennent cette saveur de terre et cette consistance farineuse qui oblige à les cuire, comme n'importe quelle patate ou un bête légume. Alors donc, allons-y pour cette petite salade de petits pois crus, comme à l'époque de silex and sun.
Salades de petits pois aux coques
Ingrédients
1 petit kg de petits pois nouveaux, extra fins
600 g de coques
1 verre de vin blanc
1/4 de citron confit
menthe fraîche
vinaigre fruité
huile d'olive
macis
poivre blanc Muntok
Recette
Écossez les petits pois. Faites ouvrir les coques avec un verre de vin blanc, ôtez les coquilles, filtrez le jus et réservez-le. Ciselez la menthe et coupez très finement la peau du quart d'un citron confit, un peu moins s'il y est gros. Faites une sauce avec un vinaigre un peu doux, comme du vinaigre de muscat ou du vinaigre de cidre, de l'huile d'olive, et un peu du jus de cuisson des coques. Assaisonnez d'une pincée de macis en poudre et d'une prise de poivre blanc de Muntok. Mélangez le tout, sans oublier la menthe, et tenez au frais jusqu'au moment de servir
Recette à la fraîcheur indéniable, qui m'a renvoyé à mon enfance entre terre et mer dans les abers...
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