Habituellement, le mois de mars est plutôt clément dans mon Nord-Finistère, les grosses tempêtes de l’hiver sont passées, les jonquilles et les primevères ont déjà pointé leurs corolles jaunes sous le timide soleil qui accompagne la traque des ormeaux, car c’est leur meilleure saison, en attendant les moussettes. Or en cette année 2020, non seulement l’hiver dure une journée de plus, à cause du 29 février, mais il s’attarde en successions de coups de vents, qui s’ils rendent la mer magnifique de sauvagerie, commencent sérieusement à taper sur le système, d’autant qu’ils s’accompagnent de copieuses pluies.

Les nappes phréatiques doivent être à bloc, il pleut beaucoup depuis septembre, les ruisseaux débordent, les fossés au bord des routes sont saturés, et je n’ai plus un poil de sec. Il parait que cela augure un bel été, ça va encore attirer du monde…

Bref, l’urgence climatique dans le coin, elle consiste à allumer un feu de cheminée, et tant pis pour mon bilan carbone, je compense un peu en cuisant mon repas sur les braises, ce qui économise par ailleurs du gaz et de l’électricité. Il ne faudrait pas beaucoup me pousser pour que je me laisse pousser les couettes, façon Greta, la Barbie-Cassandre et casse-couilles, rendez-nous Casse-Noisette.

A propos de couilles, j’attends avec impatience la parution Aux Editions de l’Epure de Les couilles, dix façons de les préparer, par ma copine Laetitia Visse, jeune cheffe aussi sympa que douée, ça sort le 10 avril, quelques jours avant mon prochain, De rades en comptoirs, chez le même éditeur, avec environ 140 recettes autour de la mer, agrémentées d’histoires et de conneries bien dans l’esprit de ce blog. C’est en raison de cette activité livresque que le blog est un peu à sec de nouveaux articles, je teste les nouvelles recettes pour les bouquins, et je ne souhaite pas que cela fasse double emploi, même si évidemment, je puise un peu dans les nombreuses recettes accumulées ici depuis 2006, ce qui ne nous rajeunit pas. Voici la couverture dont je suis raide-dingue, réalisée par Séréna Obligato, qui avait déjà signé celle des "Récits et Recettes du Ressac".

Revenons à la météo, lorsqu’on regarde la carte de France, force est de constater qu’il fait actuellement meilleur du côté de la Méditerranée, ce qui compense partiellement le fait que cette mer oublie de monter et de descendre, la fainéante… Les asperges sauvages vont bientôt pointer leurs tiges graciles, tandis que les morilles commencent à frétiller du mycélium. On mange bien dans le coin, et les chefs de la région savent s'organiser pour créer des évènement haut de gamme en des lieux improbables mais emplis de sens. 

L'an dernier ces Dîners insolites ont réuni les cuisiniers les plus talentueux de la région, dont ma copine Laetitia, sous la houlette d'Emmanuel Perrodin, un chef nomade très impliqué dans la dimension culturelle de la cuisine, et qui par ailleurs est une très bonne plume. C'est toutefois mon amie et inspiratrice (c'est elle qui m'a forcé à écrire des livres), Mayalen Zubillaga qui a été la conteuse du livre, et qui raconte, avec force de magnifiques photos à l'appui ces dîners ; à feuilleter ces pages, je ne peux que regretter de n'avoir pu assister à aucun de ces banquets chaleureux, ce sera peut-être pour cet été, puisqu'ils semblent tous bien décidés à remettre le couvert.

Revenons à ma cheminée : outre l'urgence climatique, il y a l'urgence gastronomique, la saison de pêche des coquilles Saint-Jacques va bientôt prendre fin, c'est donc le moment idéal pour les cuisiner, même si en dehors de celles de Saint-Brieuc, leur corail insipide est beaucoup développé, mais bon, c'est joli.

Coquilles Saint-Jacques, beurre au gingembre et lime

- 12 coquilles Saint-Jacques
- 150 g de beurre salé
- deux doigts de gingembre frais
- une lime (citron vert)
- piment d'Espelette
- poivre noir

Recette

Commencez par préparer le beurre aromatisé. Râpez finement le gingembre après l'avoir pelé. Incorporez-le au beurre avec le zeste également râpé du citron  vert, et la moitié de son jus. Ajoutez du poivre noir, et du piment d'Espelette en bonne quantité, le beurre en est coloré.

Ouvrez les coquilles en enlevant la coquille plate. Placez un couteau derrière la noix (côté charnière), et en vous aidant de votre pouce, enlevez d'un seul coup toutes les barbes, les organes digestifs viendront avec. Dans le mouvement, le corail va s'échapper, coupez-le pour le remettre dans la coquille, comme je le disais, il n'a pas de goût, mais il est joli. Lavez soigneusement les coquilles, la noix y reste attachée, vous pouvez la décoller si vous voulez faire du zèle, mais la cuisson y pourvoira. Déposez une petite quenelle de beurre aromatisé sur chacune des noix, et placez les coquilles au-dessus de braises pas trop violentes.  La cuisson est atteinte lorsque le beurre grésille dans la coquille. Vous pouvez poursuivre la cuisson jusqu'à obtenir un beurre noisette, mais ce sera au détriment des éléments aromatiques qui vont un peu brûler.

La cuisson peut être menée au four, c'est moins poétique, mais tout aussi bon. Mes convives ont apprécié la fraîcheur de cette recette, mais l'une d'entre eux a regretté la trop forte présence du citron vert, qu'au contraire j'ai adorée. A vous de voir, et d'adapter selon vos goîts.

*****

Rejoignez l'équipage sur Facebook (clic & like)

*****