On assiste ce jour à l’apparition de la banane sur ce vieux blog, dont je me demande encore pourquoi je continue à l’alimenter à coups de seringues faméliques, mais toujours comestibles. Le yuzu frais aussi est une nouveauté, je l’ai déjà l’inclus sous une forme déguisée, planqué dans une sauce ponzu, ou sous forme de jus acheté dans un micro-flacon au prix d’un Petrus 1947, voir ici.

Ce yuzu frais, je l’ai quelquefois rencontré dans des épiceries japonaises, ou sur le catalogue de marchands d’agrumes, mais jusqu’à présent je me le suis refusé, me disant que la Pomme d’Or du jardin des Hespérides devait être ce fruit, car il frôle les 24 carats en valorisation.
Et voici que mon amie (et codétenue aux Editions de l’Epure) Mayalen, acoquinée depuis peu avec un producteur d’agrumes du Maroc qui tient boutique à Paris, m’a offert l’un de ces fameux yuzu, tout frais, au zeste parfumé comme le bonheur. Tout de suite je décidai de l’associer à un produit de la mer servi cru, et puisque nous sommes en pleine période de pêche des coquilles Saint-Jacques, je me suis arrêté sur ce magnifique produit.

Quant à la banane, ne me demandez pas d’où j’ai tiré cette inspiration qui peut paraître saugrenue, peut être dans l’enfance où je me régalais de banane écrasée avec du jus de citron et un peu de sucre. Ou alors, c’est mon goût pour les fruits encore verts, comme j’ai pu en déguster au Vietnam, au Cambodge et en Thaïlande, souvent accompagnés du trio sel/sucre/piment. Bref, la recette courait dans ma tête depuis près d’une semaine, j’attendais le vendredi, jour du poisson, pour être certain de trouver des coquilles encore vivantes, puisqu’il s’agit de les manger crues. Un brin d’inquiétude me taraudait quand même, mon épouse et cobaye culinaire n’est pas très amatrice de sucré-salé, voici une quinzaine j’ai failli retrouver mes valises sur le palier pour avoir servi un magret de canard aux dragées, recettes pourtant classique.

Vivantes, elles l’étaient bel et bien mes coquilles, j’aurais pu les filmer en train de m’applaudir des deux valves quand je suis entré dans ma cuisine. Puis je me suis souvenu que les vidéos de cuisine me brisaient singulièrement les clams. Passer des heures devant un écran, à regarder un couteau désosser des oignons ou ciseler des cubes de viande, ça me défrise l’oursin… sans compter leurs musiques de fond qui donnent envie de prendre l’ascenseur. Bref, pas d’image qui bouge : je continue à publier des photos pourries prises au téléphone. Bon, il y a quelques vidéastes qui font un bon boulot, notamment ceux de la cuisine asiatique où je parviens souvent à apprendre des trucs dans ces cultures culinaires qui ne sont pas les miennes.

Même les grands chefs, et singulièrement ceux dont on voit tous les jours la bobine dans les émissions de télé-réalité, s’y sont mis. Entre voir Piège faire une rémoulade sans mayonnaise ou Etchebest confectionner un sandwich, il y a de quoi se taper le cul par terre jusqu’à ce que ça produise de l’électricité ; soyez reconnaissant, vous n’en avez pas besoin pour cette recette, pas plus que de gaz ou de braise. C’est ma façon à moi de lutter contre l’inflation et de sauver la planète (dans un prochain épisode, je vous causerai des cuisiniers-climatologues).

 Carpaccio de coquilles Saint-Jacques, banane et yuzu

Ingrédients pour deux assiettes

-  6 coquilles Saint-Jacques
- 1 banane encore verte
- ½ yuzu
- ½ citron vert
- shôyu ou sauce de soja claire
- huile d’olive
- poivre noir

Recette

Prélevez les noix de Saint-Jacques, en conservant ou non le corail, mais enlevez bien la membrane qui entoure la noix. Escalopez chaque noix en trois ou quatre rondelles, en fonction de leur grosseur.

Râpez la moitié du zeste de yuzu, et prélevez le jus de cette moitié de fruit. Mettez dans un bol avec deux cuillers à café de jus de citron vert, autant de shôyu, et trois cuillers à café d’huile d’olive et le poivre. Inutile de saler, la sauce de soja l’est assez.

Pelez la banane et coupez-la en rondelles d’épaisseur sensiblement égale à celle des Saint-Jacques. Il en faut moins que de coquillage pour un bon équilibre de la recette, mais faites selon votre goût. En gros, deux rondelles de banane pour trois de coquille. Disposez dans une assiette, et arrosez généreusement de la sauce.

 Croyez-le ou non, ce plat a été très apprécié, et comme il me restait un demi yuzu, j'ai été prié de recommencer.  J'ai mis un peu plus de jus de citron vert dans la seconde édition, c'était une erreur, la finesse du yuzu s'y est un peu perdue. 

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