750 grammes
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Cuisine de la mer
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2 mars 2007

Salade de matjes, fèves et champignons

Ce billet a été programmé pour seize heures ce vendredi deux mars, si tout se passe bien. C'est un récit d'anticipation, ce que vous lisez va se dérouler dans les heures qui suivent sa publication, à peu de nuances près.  Vous me suivez?

Je dors (?) en Bretagne ce soir

Pour ceux qui s'y endorment chaque soir, c'est loin d'être un exploit, je le concède, mais pour moi qui n'y ai pas posé mon sac depuis deux mois, autant dire l'éternité, j'aspire à mes amers comme à une terre promise.

Alors, en gare de Brest vers dix-sept heures, tout commence par une errance nerveuse afin de retrouver la voiture de loc, je les soupçonne de les planquer pour contrarier les clients dont le prénom commence par un "P" et qui ne sont pas revenus depuis deux mois. Puis vingt-cinq kilomètres de routes familières jusqu'à la maison, le portail encore plus déglingué, les mousses capitonnant à foison le talus de pierres sèches et les flaques sombres de l'hiver.

Un coup d'œil au champs, les branches cassées et déjà les fleurs de printemps, le camélia rose brûlé d'embruns, ou l'épave improbable livrée par la dernière tempête, cageot, bâche ou anémomètre en détresse. Un coup d'oreille aux alentours,  j'entends bramer une corne de brume en provenance du noroît, et beugler une vache éplorée dans la prairie d'à côté. 

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La porte d'entrée n'est finalement pas si coincée que ça, elle cède au premier coup d'épaule en s'ébrouant, libérant l'odeur de vieux murs et d'anciens feux de cheminée.

Vite me changer et préparer une flambée pour mon retour cette nuit.  Déjà dix-huit heures trente, il importe de profiter des derniers moments de lumière pour revoir la mer. Je file en urgence vers le phare de l'île Vierge, où c'est toujours le grand spectacle, coucher de soleil, brume, vent ou pluie, tout y est magnifié, et parfois le tout en une même journée.

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Je décolle quelques berniques d'un coup de pied, pour vérifier leur saveur de saison, je soulève à peine quelques cailloux pour regarder si les petits crabes ont grandi ;  coefficient de marée très moyen à 79 ce soir, avec basse mer peu après vingt-trois heures, ce qui est bien suffisant pour que j'accompagne un moment le jusant, au bas des rochers encore brûlés et mouillés d'eau salée.

J'en reviens passablement trempé vers vingt heures, par la pluie et le ressac, ou par toute raison improbable, comme de glisser sur le goémon et me caler le cul dans une flaque. En quittant la grève, je fais signe à quelques cormorans guère plus étanches que moi, je les devine dans la pénombre, immobiles sur un radeau de pierre à une demi-encablure, les ailes déployées pour mieux sécher, et s'envoler vers une nouvelle campagne de pêche.

Je vais plutôt m'égoutter au chaud, cap sur le port et le bistrot face à la jetée du canot de sauvetage, pour une bière locale et le premier truc qu'on voudra bien me servir à manger. Je m'installe près de la vitre, et je regarde les bateaux s'éteindre.

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Ensuite, c'est bien plus embrouillé dans les horaires, une équation qui tient compte à la fois du nombre de hotus connus dans les parages, de la pente de nos dalles et de la patience des mastroquets. Affirmer que je rentre entre vingt-deux heures et dix heures, me semble être une juste navigation à l'estime.

A l'approche de la vingt-cinquième heure, après avoir allumé le feu et emboucané la maison pour cause de canon froid, ma mission est de choisir entre un Bruichladdich, aux saveurs iodées et un Arran ponctué de poire, puis entre le Partagas D4 aux  volutes d'humus, et l'Unicos de Vega Robaïna, de terre sèche et d'épices. Sincèrement, la vie de célibataire, ce n'est pas aussi simple qu'on le pense parfois.

Tu dis quoi, toi? Iode et épices? Pas bête, mais je n'ai plus l'âme voyageuse ce soir, je vais jouer la paire humus et poire. De toutes façons, je viens de le constater : plus de Bruichladdich, j'ai probablement été cambriolé. J'allume alors un ordinateur pour raconter les histoires de la mer à ceux qui rêvent de Bretagne ce soir.

Feu

Rendu aux alentours de dix-heures, la démarche chaloupée et le regard vague, j'ai à peine le temps de passer voir si les pêcheurs ont bossé pendant la nuit, afin de choisir mon poisson du jour, puis de rentrer à la maison, me réjouissant que quelqu'un ait pensé à préparer un feu pour le soir, mais maugréant qu'il aurait quand même pu me laisser un verre d'Arran Malt pour le petit déj.. 

Salade de matjes, fèves et champignons

Ingrédients

- une barquette de 350g de filets de matjes à l'huile
- 750g de jeunes fèves avec leur cosse
- 300g de champignons de Paris
- 3 petits oignons blancs frais
- persil plat
- huile à saveur neutre
- vinaigre de vin
- poivre blanc de Muntok

Les matjes (prononcer matiès) sont de jeunes harengs, plutôt gras, à la saveur extrêmement délicate. On les pêche en deux saisons, à la fin de l'automne pour les matjes dits du grand nord (Islande, Norvège...), et au printemps.

Les premiers nous parviennent généralement sous formes de filets conservés à l'huile, on les trouve au rayon saurisserie des épiceries un peu chic, car ils ne sont pas vraiment donnés. Les printaniers sont pêchés un peu partout en Mer du Nord, ils sont traditionnellement présentés en filets non séparés, encore attachés au niveau de la queue sans l'arête centrale. C'est une véritable fête dans les pays riverains, lorsqu'ils arrivent.

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Envie de printemps pour cette salade, avec de jolies fèvettes et des oignons frais du Maroc. J'ai vu que Laurent, sur Epicurien.be, a présenté il y a quelques jours une recette de salade aux matjes que je tenterai certainement un de ces jours.

Recette

- Nettoyez les champignons de Paris, épluchez les chapeaux et émincez-les.
- Ecossez les fèves, passez-les 5 secondes à l'eau bouillante et plongez-les aussitôt dans l'eau froide; la petite peau qui les entoure va ainsi facilement s'enlever. Séparez les cotylédons.
- Emincez les oignons blancs et ciselez grossièrement le persil plat.

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Préparez une vinaigrette simple, en évitant d'utiliser une huile et un vinaigre trop typés, afin de ne pas masquer la saveur fine de ces ingrédients, auxquels l'oignon frais donne suffisamment de relief. Ne la salez pas trop, les matjes le sont copieusement, mais mettez-y du poivre blanc moulu en quantité. Vous pouvez également faire une sauce à base de crème aigre, c'est parfait aussi.

Mélangez les champignons, les fèves, l'oignon et disposez-les au fond du plat de service. Répartissez les tronçons de matjes, arrosez sans excès de vinaigrette, et parsemez le persil.

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Commentaires
B
Mais si, mais si... vous connaissez les matjes ! Au déroulé, bluffant, de toutes vos recettes et de la culture culinaire encyclopédique qu'elles révèlent ... m'aurait étonné aussi ! <br /> <br /> <br /> <br /> Vraiment TRÈS grand coup de chapeau pour ce bloc et le lêché de son écriture. Pur bonheur. La preuve, j'en décolle plus.
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D
Aurait-ils une personne assez aimable pour me<br /> donner la recette du Matjes,j'ai acheté du hareng<br /> frais,mais je ne trouve pas la recette pour le faire moi-même <br /> D'avance je vous remercie beaucoup.
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B
1 crabes verts:<br /> Breton,né la mer en face à moins de 60m de la grève, pêcheur à pied depuis plus de 48 ans j'en ai 58 ans formé à l'école de ma toute jeune enfance par mes grands oncles et grands parents. <br /> je vais en décevoir beaucoup , les crabes verts sont pour les méditerranéens et leur bouillabaisse<br /> je vis près de marseille depuis 15 ans, mais vous me ferez jamais manger un crabe vert cela vie dans la vase, juste bon pour donner du goût à la soupe . je ne connaois pas un seul marin du pays bigouden a qui vous ferez avaler une telle soupe.
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C
Dis, tu me tapes pas si je te dis que je n'aime pas les Matjes?! Les Matjes se sont LE plat national des Néerlandais! Ils adorent ça! Ils prennent le matjes par un bout, ils renversent la tête en arrière et ils portes le Matjes à la bouche ... pour moi c'est dégoûtant à voir! Ils mangent les Matjes avec des oignons. Voili- voilou! <br /> Je sais ça parce que j'habite à 40mn des Pays-Bas et que j'en achète toujours pour mon beau-père!
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J
Bigre , c'est un peu embrouillé, je te conseille de mettre un peu de bysus de moules dans ta pipe à la place de tes "produits" actuels, c'est plus naturel, ça calme aussi les envolées lyriques que j'aime bien chez toi,et l'iode ne fait de mal à personne, quoique Terchno.... me fait faie de la bile pour le futur, ce crapaud qui dort à emboucané notre bon thym de provence.<br /> Donc pour les fèves, si tu passes par ici avec ta voitures de location en "P" je te ferais manger de bonnes fèves crues du jardin et sans peau à enlever, c'est divin avec simplement du saucisson et du pain.<br /> bonne soirée<br /> jupi
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